dimanche 1 juillet 2012

Fantasmago... r.i.p.

Fantasmagories : 1987-2012


un des premiers ex-libris, 
signé Éric Larnoy
La rumeur courait depuis qu'une pancarte annonçant la disponibilité des locaux avait été placardée sur la devanture cet automne, rumeur amplifiée depuis que les ex-libris et les bédés indé étaient soldés. Quelques séances de dédicaces, toujours annoncées, ainsi que les fameux ex-libris (qu'est-ce qu'on n'a pas acheté comme daubes, à cause de ces putains d'ex-libris !), qui avaient fait la réputation de la librairie et qui sortaient encore au compte-goutte, permettaient toutefois d'espérer une rémission.
... et un des derniers, par Olivier Schwartz
Mais lors de notre dernière et triste visite, devant les bacs non réassortis à moitié vides, on s'était fait une raison, n'osant même pas faire tamponner la carte de fidélité...


L'agonie de la librairie Fantasmagories s'est finalement terminée le 28 juin 2012 dans l'indifférence générale (?) après celle de Boulevard des Bulles il n'y a pas un an et d'Album Bercy il y a quelques mois seulement, rejoignant Dans la Gueule du loup, Tonkam... dans le cercle des librairies disparues. On n'ira donc plus dépenser notre argent le dimanche dans le Quartier de l'Horloge. Et même si par le phénomène des vases communicants, cette disparition devrait profiter à court terme aux voisins de Super Héros, pas sûr qu'à plus long terme, elle soit de bonne augure pour eux...

Un des rares albums édités par les éditions du Trio

Bon, n'anticipons pas : ce n'est pas la première librairie qui ferme ses portes à Paris ; et puis d'autres continuent à se monter (Barbe rousse, Bulles en tête, Le pied de biche...) ou s'agrandissent (Le Monte-en-l'air), mais on peut s'interroger sur les causes de cette épidémie : sinistrose, baisse du pouvoir d'achat, hausse conjuguée des loyers et de la T.V.A. ? Changement des modes de lecture et de consommation ? Concurrence des tablettes, d'internet, des blogues, des grandes chaînes de distribution, des librairies de bande dessinées entre elles ou de celles, "non spécialisées" qui présentent dorénavant, souvent plus longtemps, pratiquement toutes un choix judicieux de bandes dessinées ? Même les salons sont de plus en plus nombreux... Effet à retardement du tsunami de mangas, étouffement par la surproduction ? Politiques éditoriales, de diffusion ? Vieillissement et raréfaction du lectorat, diminution du "temps de cerveau disponible", du nombre de magazines dédiés notamment pour les jeunes ou de la place sur les étagères pour les plus anciens ? Difficultés d'accès dans Paris ?? Motivation des libraires, etc ???







Quoi qu'il en soit, dans leur lettre d'adieu, les libraires pointaient clairement du doigt Internet, du genre : "Amazon m'a tuer"!
Alors : qui sera la prochaine victime du dépeceur de libraires ? La suite au prochain numéro ?
On souhaite un bon rebond au trio.

Un commentaire ? Oui : on peut aussi commander cet album dans une librairie.

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Petite galerie pour saccuplastikophiles :

François Thomas

Moebius rouge

Moebius bleu

Maëster

Simon Léturgie

3 commentaires:

Li-An a dit…

Bon, je crois que c'est tout un ensemble.
Mais curieusement, il semblerait qu'il y ait des librairies qui s'en tirent encore bien. J'ai l'impression que ce ne sont plus des passages obligés pour les clients et du coup, ils consomment la librairie comme on consomme un lieu branché, un bar ou un magasin de mode.

Julien a dit…

Il y a sûrement quelques gags(?)de Libon & Salma sur le sujet...J'ai assisté à quelques enterrements montréalais...Et des disquaires liègeois...Je ferme les yeux maintenant.
Comme tout le monde?
C'est réac de ne pas aimer son époque..?
(Bravo et merci pour cette nécro)

Totoche Tannenen a dit…

Finalement, c'est comme les dinosaures : les plus spécialisés disparaitront en premier... Arf !