jeudi 31 mars 2011

What's up, Dick ?


Quelques belles couverture de Dick Bruna pour les romans d'Havank, le "Simenon hollandais" récemment adaptés en BD par Danier, aperçues ce week-end sur le marché aux livres d'Amsterdam :










Je découvre à l'occasion que Dick Bruna est connu dans les maternelles du monde entier pour son fameux petit lapin, Miffy !

mercredi 30 mars 2011

Bandaison



Au début des années 80, scotché devant Récré A2, j'apprenais, stupéfait, grâce à La Bande à Bédé, que tous les petits miquets que je dévorais en rentrant de l'école étaient en fait fabriqués à la main, par des vrais gens en chair et en os, comme moi. Dingue.

Chaque semaine, grâce à de prodigieux (!) effets spéciaux, le chien Bédé s'entretenait avec ses invités prestigieux, parmi lesquels François Bourgeon, Bob de Moor, Mic Delinx, Christian Godard, Marcel Gotlib, Nikita Mandryka, Jean-Michel Charlier, etc...
Je revois encore Greg, muni de son marqueur et d'un paper-board, expliquant que plus l'objet à représenter était distant, plus il fallait le dessiner... avec un trait fin ! Nooon ? Kof, kof !!! De quoi avaler son Choco-BN de travers ! Ben, quoi, vous le saviez, vous ? Vite, du papier, un crayon, des feutres ! On ne saura sans doute jamais combien de petits téléspectateurs furent ainsi contaminés par le virus de la BD.


Sous le pinceau (la plume ?) de Dominique Rocher et d'Henri Dufranne (que je connaissais pour les Gai-Luron Poche), Bédé vécut deux grandes aventures cartonnées chez Glénat. On peut découvrir la troisième, restée inédite, sur le site de Dominique Rocher, co-inventeur oublié, avec Toussaint Luciani, de cette regrettée émission (si quelqu'un sait comment revoir ces émissions, merci de me le signaler).

Allez, encore un petit coup de générique, avec Pierre Perret :



Quelques informations complémentaires, dont une liste non exhaustive des auteurs invités : http://www.planete-jeunesse.com/sources/series.php3?cle=496&sec=3

La première (avec Fred et Philémon) sur le site de Dominique Rocher : http://d.rocher.free.fr/Cadeau.html

Enfin, si je n'ai pas oublié Greg dans La Bande à Bédé j'avoue avoir complètement zappé le passage d'Hislaire, de Bercovici et même de... Yann et Conrad.
Si ! :

vendredi 18 mars 2011

Vague à lame

Katsushika Hokusai

Hayao Miyazaki

Kaiji Kawaguchi
Tonkam, 2005

Satoshi Kon (1963-2010)
Kaikisen-Retour vers la mer
Casterman, 2004


Les mangakas nous avaient déjà raconté la terrible histoire... Une pensée pour eux...
C'est Kon, non ?


(D'autres images saisissantes sur le site des Inrocks)

Chargez !

Au petit jeu des influences, je vous propose un match amical entre Gustave Jossot et Félix Vallotton :

En 1903, Vallotton "pompe" Jossot :

Deux d'un coup...! C'est superbe ! Tu auras la croix !  
Gustave Jossot 
in L'assiette au Beurre, 1902

Il faut, avant tout, peupler les colonies
Félix Vallotton  
in Le Canard Sauvage, 1903
 (image empruntée au site Goutte à Goutte, le site de Jossot)

Un an plus tard, c'est au tour de Jossot de prendre sa revanche sur le Suisse :

La Charge,  
Félix Vallotton
1893

Les Gardiens de la paix,  
Gustave Jossot 
1904

Jossot-Vallotton : 1-1. La balle au centre. Et nous, on en prend plein les les mirettes !

*****

Pour les non-Parisiens, voici l'hommage de Cabu à Jossot réalisé pour En Vue, le magazine des bibliothèques de la capitale.


Il contient également une planche-hommage de Laurent Lolmède, que vous retrouverez sur son blogue.

vendredi 11 mars 2011

Jossot, en dehors du troupeau


La Bibliothèque Forney présente sans doute la plus intéressante exposition parisienne du moment, qui vous permettra peut-être aussi de découvrir l'œuvre de Gustave-Henri Jossot (1866-1951), peintre et caricaturiste libertaire, pro-Dreyfusard, de ses péchés de jeunesse dijonnais à ses dernières toiles orientalistes tunisiennes.


On rappellera brièvement (un site est entièrement consacré à Jossot) qu'après avoir réalisé quelques affiches publicitaires, ce contemporain d'Aristide Delannoy, Jules Grandjouan, Juan Gris, Théophile-Alexandre Steinlen... que l'on sent particulièrement influencé par Henri Rivière et les Nabis ou encore par Félix Vallotton et les Expressionnistes, publia essentiellement dans L'Assiette au beurre, La Caricature, Die Jugend, Le Rire...
Se faisant d'abord la main sur les bourgeois, les "femelles", les alcoolos..., il prend par la suite un malin plaisir à s'attaquer à l'armée, à la justice, à taper sur le clergé. Mais ses dessins les plus puissants sont sans conteste ceux fustigeant le colonialisme. Par les temps qui courent, on savourera tout particulièrement ses précieux conseils à ces ingrats de Tunisiens révoltés contre leur "père", cette lettre où il explique qu'il est convaincu que "les révolutions ne changent pas les choses mais seulement leurs noms", ou cette autre ou Jossot explique ce qu'il pense du "travailler plus pour gagner plus" (je vous laisse deviner...).



L'humour caustique et féroce de Jossot n'a rien à envier à celui de nos Cabu, Reiser, Siné ou Willem actuels, et sa ligne claire, quoiqu'épaisse, n'a pas pris une ride. Plus étonnant, cent ans après on rit encore devant chacun de ses dessins, toujours pertinents et compréhensibles, même sans en connaître le contexte (contrairement à ceux de Daumier par exemple) : la preuve avec ces seize vignettes de Dressage, véritable proto-BD parue en 1904 dans le numéro 144 de L'Assiette au beurre, à découvrir sur le site Coconino-world.
A l'évidence, Jossot s'impose donc comme l'ancêtre direct d'Hara-Kiri, qui n'apparaitra finalement que neuf ans après sa disparition, en 1951. Les dessinateurs de Charlie-Hebdo lui rendent d'ailleurs un hommage en fin d'exposition.

Conchiant la société de consommation et le mode de vie occidental et après avoir perdu sa fille foudroyée par une méningite, Jossot s'exilera en Tunisie où il se convertira à l'islam, religion des vaincus, afin de "conquérir sa liberté intérieure, toute action extérieure étant vaine". Il ne remettra jamais les pieds en France. C'est sa première exposition rétrospective.

Jossot-Caricatures-De la révolte à la fuite en Orient (1866-1951).
Exposition du 1er mars au 18 juin 2011 à la bibliothèque Forney, 1 rue du figuier, Paris IVe (voir aussi la mini-galerie en ligne).


mercredi 9 mars 2011

Aventure en noir


 Ne passant plus guère dans les rayons de la Fnac, cet album de Conrad m'avait complètement échappé. Heureusement, Facebook et les amis de Didier veillent !
(le bruit court que l'adaptation serait de Jean Yann)

samedi 5 mars 2011

La rançon de la gloire


Les portes de l'exposition Brassens ou la liberté, imaginée par Clémentine Deroudille -historienne de l'art et par ailleurs petite-fille de Robert Doisneau- et l'omniscient et totipotent Joann Sfar, récent interprète du rôle de Brassens dans son propre film Gainsbourg (vie héroïque), ouvriront le 15 mars à la Cité de la Musique (Paris XIXe). Le but est évidemment de faire redécouvrir au public la vie et l'œuvre du chanteur, mais "sous un angle inédit et parfois surprenant". Si.
Le public pourra ainsi découvrir, à travers une scénographie sylvestre, les émouvants petits carnets où Brassens composait textes et partitions et où il lui arrivait même de noter le public lors de ses tournées ("Juan-les-Pins : snob, St-Raphaël : moyen ...") ! Au sous-sol, une salle dédiée au "Brassens multiple" exposera les produits dérivés les plus incongrus et permettra d'écouter les adaptations plus ou moins exotiques de ses textes. Je ne sais pas si David Lemelin y sera représenté, mais comme je vous sens tous très impatients, je vous propose de découvrir l'hommage iconoclaste de cet acteur québécois, du collectif Prenez garde aux chiens.



Attention, cette vidéo film ne contient pas de dessins de Sfar

Deux bouquins illustrés par Joann Sfar tenteront de rentabiliser d'accompagner dignement l'évènement. L'un sera édité par Dargaud et l'autre part Gallimard (si, si, sic)...

Un gorille à Paris

Quant aux fauchés et/ou allergiques à l'art du dessinateur des fabuleuses aventures du Petit Prince (il paraît qu'il y en a dans la salle), ils pourront compléter leur visite par l'instructif petit Brassens-Le libertaire de la chanson de Clémentine, annoncé ce mois-ci en Découverte Gallimard. Son prix est lui aussi plus modeste et il est garanti 100% sans morceau de Sfar dedans. Les "connards" , comme les appelait Brassens, "qui disent que " [ses] musiques sont toujours les mêmes, ou (...) sont inexistantes" seront sans doute surpris d'y découvrir que le gorille travaillait et retravaillait ses textes et mélodies pendant des mois, voire des années ; un peu tout le contraire de l'instinctif Sfar, finalement. Mais bon, peu importe, le temps presse : l'expo se termine le 21 août 2011. Bonne visite.


"♫ Trompettes de la renommée...♫"

 Petit Brassens par Joann Sfar (à paraitre)