samedi 11 avril 2009

Steinlen, le Roi de Paris

Théophile-Alexandre Steinlen
Chroniqueur d'une fin de siècle
Musée d'art et d'histoire de Saint-Denis, jusqu'au 29 juin 2009.

Le nom de Théophile-Alexandre Steinlen, né à Lausanne en 1859, naturalisé français en 1901 et reposant à Montmarte depuis 1923, ne vous évoque peut-être pas grand chose, pourtant, je suis sûr que vous le connaissez.


Son Chat Noir et sa fille Colette, courtisée par une bande de matous convoitant le bol de lait qu'elle porte à ses lèvres, sont depuis longtemps passés dans notre mémoire collective ; on en parle même sur Hobopok dimanche, c'est dire.
Le musée d'art et d'histoire de Saint-Denis (93) fête discrètement (je vous mets au défi de trouver un visuel quelque part sur la toile) jusqu'au 29 juin 2009 les cent cinquante ans de cet artiste méconnu en reprenant l'exposition du museum Langmatt de Baden, elle-même adaptée de celle du museo Villa dei Cedri, Bellinzona (Suisse).
Les explications y sont hélas sommaires (ce n'est pas le nombre de cartels qui va grever le budget du musée), la présentation de certaines œuvres laisse franchement à désirer et l'état de certaines d'entre elles m'a paru douteux, le catalogue reprend les œuvres exposées à Bellinzona, qui ne sont pas forcément les mêmes, et ne parlons même de ces deux salles d'exposition située aux extrémités du musée depuis des années. Dommage, car l'idée initiale de mettre en valeur les collections du musée était excellente...
Bref, même si l'on n'y apprendra pas grand chose, il serait dommage de se priver d'aller rendre hommage à Steinlen.


Ce contemporain d'Émile Zola (c'est après avoir lu L'Assommoir qu'il aurait décidé de venir vivre à Paris) débuta en 1881 comme illustrateur au cabaret du Chat Noir, tenu à Montmartre par son compatriote Rodolphe Salis.
Il sera rejoint à Paris l'année suivante par Félix Vallotton, également originaire de Lausanne, et y fréquentera entre autres artistes Henri de Toulouse-Lautrec qui a pu l'influencer dans la composition de ses affiches, même si on pense inévitablement à Honoré Daumier ou Paul Gavarni quand on regarde ses dessins au crayon et au fusain.
On devine par ailleurs l'influence que Steinlen a lui-même pu avoir sur Francisque Poulbot dont le musée dyonisien expose simultanément quelques œuvres en parallèle.

École maternelle

Surtout réputé pour ses chats qu'il a également sculptés, Steinlen était avant tout un illustrateur de la France d'en-bas, comme en témoignent les élégantes passantes et les putains, les blanchisseuses et les poissonnières, les ouvrières et les gueules noires, les trouffions, les balayeurs, les pochtrons, les clodos, les amants, sa compagne originaire d'Afrique Noire... qui parsèment son œuvre.

Massaïda, son intendante,
qui deviendra sa compagne après le décès de sa femme.

Il collabora à de nombreuses revues populaires (Le Chat noir, Gil Blas, L'Assiette au beurre, Le Chambard socialiste, La Baïonnette) non seulement en France, mais également en Allemagne (Simplicissimus, Jugend).

Steinlen, Poulbot, Bofa, Rabier, Le Rallic, Robida, ... sont dans La Baïonnette.

Il illustra de nombreuses affiches publicitaires et caritatives afin de venir en aide aux civils belges, serbes ou russes victimes de la guerre, ainsi que quelques romans dont Poil de Carotte de Jules Renard.

Non mobilisé, plutôt que de se contenter d'illustrer des images de propagande, il décida en 1915 de partir sur le front afin d'en ramener des scènes de guerres qu'il exposera à Paris afin de témoigner de l'atrocité du conflit.


Enfin, comme ne le montre hélas pas l'expo de Saint-Denis, Steinlen est un des auteurs "préhistoriques" de Bande Dessinée.



On retrouve certaines de ses planches dans ce recueil que je ne possède pas, aujourd'hui épuisé :


Une deuxième exposition (Steinlein, l'œil de la rue) a lieu simultanément en Belgique au musée d'Ixelles, reprenant celle de Lausanne. J'ai trouvé le catalogue bien plus beau. Il reprend de plus plusieurs BD.


Merci à Mme T. (très bonne idée), à nos correspondants permanents dans le neuf-trois : Caroline (mon cul !) et Olivier, à Jean-Christophe, ainsi qu'à Stéphane et sa Baïonnette pour leur aide précieuse.

1 commentaire:

Li-An a dit…

C'est quoi ces grossiètés envers Mme Caroline ? Je ne connaissais pas non plus le bouquin d'histoires muettes qui m'a l'air intéressant...